Du vin suisse apprécié en Chine et au Japon

| 17 février 2019 | 0 commentaire

Article de Marie Vuilleumier paru le 17 février 2019 sur le site de Swissinfo

Ses vins sont mentionnés dans des journaux japonais et apparaissent même dans un manga. Nicolas Ruedin, vigneron à Cressier dans le canton de Neuchâtel, est fier d’exporter une partie de sa production au Pays du Soleil Levant: «C’est une belle image pour nous de voir nos vins proposés dans des endroits splendides».

Nicolas Ruedin, vigneron, dans ses vignes
Nicolas Ruedin dans ses vignes à Cressier.

(swissinfo.ch)

Le Domaine Ruedin existe depuis 1614 et compte aujourd’hui 11 hectares de vignes. Les cépages sont composés de chasselas, de pinot noir, de gamaret, de pinot gris, de chardonnay et de muscat. Nicolas Ruedin a repris l’exploitation en 2014. «C’est un beau métier. On crée, on est en contact direct avec le client final. Nous ne sommes pas juste un petit rouage dans une grosse machine», confie-t-il. Le domaine compte deux employés et un apprenti. Il produit environ 90’000 litres par année qui se déclinent en douze vins différents. Les quantités les plus importantes sont l’Oeil-de-Perdrix, le Pinot noir et le Chasselas. Il y a quelques années, Nicolas Ruedin et son père ont décidé d’augmenter le nombre de cépages, de faire un relooking des bouteilles et de se concentrer sur les plus gros marchés, en dehors du canton de Neuchâtel. Ils travaillent par exemple avec les enseignes Manor et Mövenpick.

Tests avec des drones

La mécanisation du travail figurait aussi parmi les objectifs; le domaine a beaucoup investi dans des machines. En 2016, il a même collaboré avec une entreprise valaisanne pour faire des essais d’épandage de produits phytosanitaires sur les vignes à l’aide de drones. La production n’est pas certifiée biologique, «mais nous utilisons des traitements qui ne laissent pas de résidu», précise Nicolas Ruedin.
Les relations entre le domaine de Cressier et l’Asie ont commencé à se tisser il y a une quinzaine d’années. Le père de Nicolas Ruedin était alors membre des exportateurs de vins suisses, qui avaient des importateurs un peu partout en Europe. Un beau jour, alors qu’il était en visite à Düsseldorf, en Allemagne, il est entré en contact avec un Japonais. Six mois plus tard, il recevait sa première commande pour le Pays du Soleil Levant. Le Chasselas et tout particulièrement le Non Filtré, une spécialité neuchâteloise, sont très appréciés des Japonais. «Ils aiment ce goût car il est neutre et fin. Il se marie bien avec leurs mets très raffinés», explique Nicolas Ruedin.
Mais le vigneron neuchâtelois ne voulait pas en rester là: «La Chine semblait un marché prometteur, j’avais envie de m’y développer. Par hasard, un représentant de ce pays m’a contacté et est venu déguster du vin ici, à Cressier.» Aujourd’hui, entre 5 et 10% de la production de Nicolas Ruedin part en Chine et au Japon. Sur l’Archipel, les bouteilles sont transportées par bateau dans des conteneurs réfrigérés. En Chine, en revanche, les commandes se font souvent par plus petites quantités et sont acheminées en avion.
Nicolas Ruedin se rend tous les deux à trois ans sur place, dans les deux pays, pour promouvoir son vin: «Ce sont des semaines chargées, on s’active non-stop: la journée, on rend visite aux magasins et le soir, on fait des dégustations ainsi que des présentations dans les restaurants.»
Le vigneron a constaté que les goûts étaient totalement différents: si les Japonais apprécient le Chasselas, les Chinois préfèrent les vins rouges. Le Domaine Ruedin y exporte surtout du Gamaret et du Pinot noir. «Ils aiment les vins plus tanniques, qui se marient mieux avec la cuisine chinoise plus épicée», affirme le vigneron.

Sensibilités différentes

La façon de consommer change également du tout au tout: «Le Japon est un marché mature. Les gens connaissent le vin, ils ont l’habitude de déguster. Lors des présentations, ils posent parfois des questions durant plusieurs heures, souligne Nicolas Ruedin, alors que les Chinois sont moins aboutis dans la dégustation.» Mais la pratique se développe, les formations et séminaires se multiplient. «Il y a un intérêt fou dans les deux pays», se réjouit le vigneron.
Il observe qu’en Chine, les femmes sont souvent plus intéressées que les hommes. «Le marchand de vin typique est une Chinoise, entre 25 et 35 ans, très bien organisée». Un important contraste avec la Suisse, où le milieu viticole est encore majoritairement masculin.
En revanche, le vin étant considéré comme un produit de standard supérieur, les prix ne sont pas les mêmes. Au Japon, une bouteille de Chasselas coûte 30 CHF dans un magasin, alors qu’elle est vendue 11 CHF en Suisse. En Chine, les prix grimpent encore en raison de la TVA élevée et de la taxe sur les produits de luxe. Une bouteille de vin rouge peut coûter entre 50 et 100 CHF. «Mais souvent, les consommateurs n’achètent qu’une seule bouteille pour offrir ou boire à plusieurs», précise Nicolas Ruedin.

Le souci du détail

Le vigneron a fait quelques adaptations pour mieux coller aux coutumes locales: il a par exemple disposé des capsules de cire sur les bouchons de ses bouteilles, car les clients avaient l’impression que le vin pouvait être facilement contaminé. Quand il se rend sur place, il essaye aussi d’avoir le souci du détail et emballe toujours très bien les cadeaux.
«C’est impressionnant, dans ces deux pays il y a beaucoup de respect entre les clients et les producteurs, beaucoup de générosité et de reconnaissance», résume Nicolas Ruedin. Il est ravi d’avoir pu développer des relations commerciales avec la Chine et le Japon et tire un bilan extrêmement positif: «C’est l’occasion de voyager, d’avoir une vision plus globale du marché du vin et un retour des consommateurs pour pouvoir nous améliorer.»

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Category: Articles généraux sur le Chasselas

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