Gloire au Caviste !

| 4 octobre 2017 | 0 commentaire

Voici un vin qui devrait être en bonne place chez tous les cavistes! Car il leur rend hommage. Le Caviste, c’est son nom.
Hélas, il est suisse!
Ne vous méprenez pas, je n’ai rien contre les vins suisses, bien au contraire (et ceux qui me lisent régulièrement le savent bien). Mon « hélas » se rapporte uniquement à l’aspect commercial. Nos voisins suisses exportent très peu leurs vins chez nous. C’est évidemment plus compliqué pour eux, qui ne sont pas dans l’Union européenne; et peut-être moins rentable. Mais nos importateurs s’intéressent-ils beaucoup à eux?
Toujours est-il que ce Caviste est une cuvée de la coopérative d’Ollon, alias Les Artisans Vignerons d’Ollon.

Photo (c) H. Lalau 2017

Ollon est une commune vaudoise à la limite du Valais – vous traversez le Rhône, et vous êtes en Valais. Vous continuez à peine une petite dizaine de km, et vous êtes en France. Ce n’est pas loin, donc. Mais en aviez-vous déjà entendu parler? Si oui, bravo, vous êtes un oenophile curieux. Sinon, dommage, car cette jolie commune a un riche passé viticole, qui remonte sans doute à l’arrivée des moines de l’abbaye de Saint-Maurice.
Et puis surtout, aujourd’hui, elle compte une vingtaine de vignerons, qui, s’ils ne révèrent pas tous Saint-Maurice, sacrifient tous joliment à Saint-Chasselas, le cépage le plus important du lieu.
La cuvée Le Caviste (2016) est d’ailleurs un 100% chasselas. 100% accessible. Sans chichis. Légèrement perlant, il séduit d’abord par de jolies fleurs – amandier, tilleul – puis nous emmène du coté des fruits (pomme, melon); la bouche est harmonieuse, assez ronde, mais une pointe d’amertume la sauve de la mollesse et prolonge la finale. Avec, en prime, un peu de pierre à fusil. Vous pouvez bien sûr l’essayer sur une raclette, dont il compensera le gras; mais je le vois bien aussi à l’apéro, avec une gougère, par exemple; ou encore sur une charcuterie. Et le poisson? Pourquoi pas, mais n’abusez pas des sauces, ce vin a une certaine subtilité, il ne faut pas la recouvrir.

Caviste, quel beau métier!
Revenons un instant sur le terme de caviste (au sens moderne de vendeur de vin, plutôt que de chef de cave, ce qui était sa définition initiale). Voila un métier que j’aime bien. Je suis né en un temps où l’on achetait plutôt chez des spécialistes qu’en grandes surfaces – en tout cas, pour les produits dits nobles. Chez moi, il y avait un tripier-volailler, un charcutier, plusieurs bouchers, un poissonnier, un marchand de légumes. Et un marchand de vin. Certains ont disparu. D’autres vivotent. D’autres, encore sont devenus des franchisés, intégrés à des chaînes, comme mon caviste, qui n’a plus la possibilité d’acheter les vins qui lui plaisent. C’est devenu un simple revendeur.
Pourtant, n’est-ce pas là tout l’intérêt d’un caviste que d’être aux deux bouts de la chaîne? Qui, mieux que celui qui a acheté le vin, qui connaît le producteur, qui aime le produit, peut le vendre au client? Si l’idée est de se démarquer d’une grande surface où les produits doivent se vendre tout seuls, alors il faut que les recommandations s’appuient sur l’expérience, sur la raison et même sur un peu de sentiment, non?
Pour toutes ces raisons – et peut-être aussi parce que je suis un indécrottable naïf, je pense que les vrais cavistes, qui vendent du conseil tout autant que du vin et du prix, ont un avenir.
Et ceux-ci seraient peut-être bien inspirés de contacter les Artisans Vignerons d’Ollon, pour mettre Le Caviste à leur assortiment. Pour le nom, mais pas seulement. Avez-vous pensé à tous les touristes qui visitent la Suisse tous les ans, et qui aimeraient recréer un peu de cette ambiance de vacances une fois rentrés chez eux?
Pour information, ce vin coûte 13,5 francs suisses (sur place).

Info: http://www.avollon.ch/

Hervé Lalau

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Category: Articles généraux sur le Chasselas

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