Le chasselas à la conquête de Rio

| 7 mai 2016 | 0 commentaire
Luciana Mota s’attaque à un sacré défi: faire aimer le chasselas aux Brésiliens, surtout buveurs de bière. Image: Maxime Schmid

Luciana Mota s’attaque à un sacré défi: faire aimer le chasselas aux Brésiliens, surtout buveurs de bière.
Image: Maxime Schmid

Article de Melina Schröter paru sur le Matin Online le 29 avril 2016

Les défenseurs des vins suisses s’en souviennent sûrement: en 2014, pendant la Coupe du monde, la Maison de la Suisse de Rio ne proposait pas de vins helvétiques à ses visiteurs. Tout juste les invités avaient-ils pu découvrir quelques cépages vaudois emmenés dans les bagages de Pierre Keller et du sponsor Hublot. Une situation qui avait créé une petite polémique. Laquelle ne devrait pas se répéter cette fois.
En effet, le restaurant du pavillon proposera bien, pour ces Jeux olympiques, des vins suisses. Vaudois pour être plus précis. Ce qui a été rendu possible grâce à la prise de risque de quelques vignerons de La Côte, et au coup de cœur d’une femme d’affaires brésilienne pour le chasselas. «Je l’ai découvert pendant mes études de master en relations internationales à l’Université de Lausanne, explique Luciana Mota. Et comme je suis amatrice de vin, ce cépage délicat, plein de nuances et rare, m’a séduite à tel point que j’ai eu envie de le faire découvrir aux Brésiliens.» Une mission compliquée quand on sait que le pays n’est pas du tout consommateur de vin. A côté du cliché des cocktails de fruits et de la caipirinha, les Brésiliens sont avant tout des buveurs de bière. Le vin n’est, lui, consommé qu’à hauteur moyenne de 1,7 litre par habitant et par année, selon l’Institut du vin brésilien. Un marché de niche mais prometteur.
Selon les estimations, la consommation devrait atteindre au moins neuf litres d’ici à 2020, plus particulièrement dans les classes aisées. «Les Brésiliens sont très admiratifs de la Suisse, de son savoir-faire et de ses produits de luxe. Dans ce contexte-là, les JO et la Maison de la Suisse seront une vitrine importante pour leur montrer d’autres facettes de la culture en Suisse, petit pays mais gardien des grandes institutions sportives internationales et berceau du cépage de chasselas.»
Plusieurs dégustations organisées au pays de la samba ont convaincu la femme d’affaires du succès réservé au chasselas dans un marché de niche haut de gamme. Elle a ainsi convaincu des vignerons de la côte vaudoise de se réunir en association pour exporter leur vin. «Nous avions d’abord approché d’autres régions viticoles, explique Yves de Mestral, secrétaire de l’Association de vignerons de la côte vaudoise (AVCV). Mais évidemment que pour se lancer dans un pays comme le Brésil (ndlr: les taxes y sont de près de 100%), il fallait investir. Les personnes contactées ont préféré renoncer. Nous sommes donc aujourd’hui quatre producteurs de La Côte à tenter l’aventure. Nous n’avons aucune idée du retour sur investissement à espérer, mais qui ne tente rien n’a rien.» Si l’AVCV travaille à l’exportation du chasselas dans un premier temps, pour ce qui est de la Maison de la Suisse, les vignerons proposeront également du vin rouge.

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