Le Chasselas, cépage à fort potentiel mais délaissé des producteurs ?

| 13 novembre 2019 | 0 commentaire

Travail de diplôme de Marie-Clémence Mouron dirigé par Pascale Deneulin et soutenu le 19 août 2015 à Changins.

Le Chasselas est le cépage blanc le plus cultivé en Suisse. Pourtant depuis 1994, les surfaces qui lui sont dédiées diminuent chaque année. L’objectif de ce travail vise à analyser les raisons qui conduisent aujourd’hui encore les professionnels du milieu vitivinicole à diminuer leur encépagement en Chasselas. De plus, il tente également de montrer si ce cépage subit une désaffection auprès des professionnels du vin. Les méthodes d’analyse des données pour répondre à la problématique sont les suivantes : Premièrement, la technique de l’entretien individuel à l’aide d’un guide d’entretien de dix questions posées à un sommelier et des producteurs de Chasselas dans les cantons de Vaud, Valais, Genève, Neuchâtel et Berne (98.54% du Chasselas cultivé en Suisse en 2014) afin de procéder ultérieurement à des analyses qualitatives.

Celles-ci ont pour objectif de faire ressortir la vision générale des répondants par des diagrammes en secteurs. Deuxièmement, le traitement informatique des corpus textuels avec les logiciels Tree Tagger afin de lemmatiser (convertir chaque mot dans sa forme canonique) les dix sous-corpus des répondants et Orange Canevas extension Textable duquel des tableaux lexicaux sont dégagés. Ils permettent ensuite d’effectuer dix analyses factorielles des correspondances (AFC) avec FactoMineR. Le but est
d’obtenir la structure lexicale des dix sous-corpus en relation avec le Chasselas et d’en extraire les oppositions exclusivement associées au sujet étudié.

L’analyse qualitative a permis de montrer que 36% des producteurs continuent de diminuer leur encépagement en Chasselas pour répondre à la demande de diversification de la clientèle mais également pour des raisons politico-économiques (23%). De son côté, l’AFC a permis de faire ressortir la vision atypique de deux vignerons-encaveurs vaudois possédant une thématique saillante commune : image défense- promotion. Une opposition entre un négociant vaudois où les vins de Chasselas restent très fortement présents dans sa production et les deux vigneronsencaveurs
précités a également été constatée. Cela suspecterait que le négociant a
moins diminué ses surfaces de Chasselas que d’autres producteurs.

L’analyse qualitative a permis de montrer que 65% des professionnels témoignent avoir de l’affection pour le Chasselas et cet attachement est confirmé par l’AFC. De plus, 95% des professionnels ne souhaitent pas renoncer à la culture du Chasselas. Cette réponse a également été confirmée par l’AFC en montrant son importance particulièrement marquée par un négociant de Lavaux (Vaud). Un sommelier de Lavaux (Vaud) se démarque également de cette AFC en utilisant le terme «autochtone» pour mettre en avant la richesse ampélographique de la Suisse avec des cépages autochtones à l’instar du Chasselas qui devraient être utilisés pour
promouvoir la Suisse viticole.

Les résultats obtenus peuvent fournir des pistes de réflexion aux différents organismes de promotion en Suisse pour augmenter la visibilité des producteurs de Chasselas et ainsi mettre au mieux en valeur ce cépage national.

Lire le travail de diplôme en pdf.

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Category: Publications scientifiques

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